La Pluie de crucifix

En l’an 1501, les Mulhousiens revenait alors d’une messe dominicale. Soudain, le ciel s’assombrit, presque noir. Les habitants s’évanouirent, tellement la chaleur étouffait la cité. Les cloches sonnèrent midi, des éclairs transperçaient la nuit noire, sans un bruit. L’on raconte qu’un silence de mort régna, au milieu duquel un mugissement le pourfendit. Une vache noire, aux cornes d’argent, surgie de nul part, se mit à bondir à travers les rues, qu’elle éclairait de ses naseaux dont les flammes s’élançaient.

La fin du monde était dans l’esprit de la population. Les gens s’embrassèrent sanglotant, et demandèrent le pardon de leurs fautes à toutes les places publiques. Midi et demi, le soleil reparut, d’un rouge écarlate, l’immense craquement du tonnerre rompt le silence, puis, une pluie se mit à tomber, rouge tel que le soleil, comme du sang. La terreur se ressentait sans les yeux de chacun, quand elle vit que cette pluie formait des crucifix, tuant tous ceux dont le visage ou les mains étaient atteints. Aussitôt, les prêtres et les moines annoncèrent les processions, que le bourgmestre interdit jusqu’à la fin de l’averse.

La pluie horrifiante cessa, la procession sortit de l’abbaye, et vit alors la vache noire aux cornes d’argent, qui se désaltérait dans l’étang des moines, voulut foncer sur le Saint-Sacrement, en crachant du feu. Alors, le bourreau sauta avec courage sur elle, pourfendant d’un coup la bête, de son glaive bénit.

On entendit un immense éclat de rire et quand on voulut s’approcher de l’animal abattu, le corps avait disparu. Le soleil reprit alors sa couleur normal et la température redevient supportable. Le diable, avait-il joué un nouveau tour ?

Source : LESER Gérard. De ville en ville au gré des Légendes. Editions des Dernières Nouvelles d’Alsace, 2019, p. 47.


L’adaptation vidéo réalisée en octobre pour la Semaine de l’Horreur