Le Christkindel, l’Enfant-Christ ou la fée de Noël

Il y a quelques années, avant que le Père Noël n’existe, d’autres personnages du légendaire germanique venaient faire la distribution des cadeaux aux petits enfants sages.

Le Christkindel est issu de la mythologie germanique. Il représente notamment l’enfant Jésus, par une petite fille. Certaines représentations montrent également une femme, drapée d’un voile et de tissus d’un blanc immaculé. Elle peut aussi porter sur la tête une couronne de bougies.

Son étymologie provient d’une abréviation de Christus als Kind, Christus-Kindlein, Christ-Kindel, et traduit par l’Enfant-Christ. 

Le Christkindel vient d’une représentation de la mythologie païenne, qui était une divinité, la déesse Berchta. Dans le folklore germanique, cette déesse serait plutôt une fée du foyer. Son rôle était d’emmener les enfants morts-nés jusqu’au ciel, durant la nuit de Noël.

Finalement, suite à cette tradition alémanique, la déesse est remplacée par Christkindel, et voit alors le jour au XVIe siècle, à la suite de la Réforme protestante.

La fête de la Saint-Nicolas, patron des écoliers, était traditionnellement le jour le plus important en Alsace. Il allait à la rencontre des enfants, et distribuait de belles choses aux plus sages : un manala/mänele ¹ et une mandarine.

L’image du Christkindel a permis au moment de la Réforme, de s’approprier les pouvoirs du Saint-Nicolas, jugé trop ancien et invraisemblable.

Par la Réforme, les saints n’avaient plus le droit de cité ², et au fil du temps, Saint-Nicolas a disparu pour laisser place au Christkindel, qui accompagnait le Père Fouettard (ou Hans Trapp), et leur distribuait des cadeaux. Dans un même temps, il est amené à être une présence christique dans le fond. Ce changement de tradition s’est fait sur près d’un siècle, donc vers 1530-1536, entre la disparition de Saint-Nicolas et la première mention du Christkindel (suite à un édit de 1570 du conseil municipal de Strasbourg pour remplacer le Klausemärik, le Christkindelmärik).

C’est le pasteur Johannes Flinner qui monte en chaire à la cathédrale de Strasbourg et blâme ces us et coutumes trop “papiste”, en évoquant la tromperie envers les petits enfants, d’un personnage qui distribue des cadeaux à tous. Ce devait être une mission du Christ !

Ce dernier apparaît alors sous la forme d’une dame blanche ou une bonne fée, et en Alsace, il passe voir les enfants peu avant minuit, pendant qu’ils seront dans le pays des rêves.

Aujourd’hui, nos anciens se moquent bien du barbu vêtu de rouge volant dans le ciel et avec un traîneau tiré par des rennes.

“Des rennes ! Oye… A-t-on jamais vu des rennes en Alsace, ni même en France ?!“

Pour finir sur les origines du Christkindla, voici une petite histoire, qui date de 1863, et qui comporte des ressemblances avec Saint-Nicolas :

« Dans la veillée de Noël, la famille se réunit, jeunes et vieux, on allume la grande bûche de Noël dans la cheminée du salon, on allume bougies et cierges, on se recueille, on attend, on a peur, on tremble, la visite du Christkindel est annoncée pour récompenser les bons. Hans Trapp viendra chercher les méchants. On a soin de mettre une botte de foin dans un coin de l’entrée, afin que l’âne, chargé des cadeaux et fatigué du voyage, ne meure pas de faim.

On sonne devant la porte, Christkindla apparaît : c’est une vision blanche sous les formes d’une femme voilée, ayant couronne au front, et suspendue à l’épaule une corbeille remplie de bonbons. Ce sont alors des éloges, des promesses, des baisers, des pleurs de joie, des poignées de mains, des pluies de dragées. Hans Trapp, le suivant de cette merveilleuse fée, reste presque toujours dehors, faisant son soliloque d’une voix caverneuse pour compléter le mystère ; et s’il va jusqu’à apparaître, c’est un de ces diables avec une figure barbouillée de noir, un fouet à la main. Christkindel, le génie du bien, la Dame blanche, sous le voile céleste d’un ange et Hans Trapp, le génie du mal, Méphistophélès, sous l’infernal accoutrement d’un démon.

Demain, dit la femme voilée, en remplissant de bonbons le creux des mains des enfants, demain, mes chers enfants, vous trouverez à votre réveil quelques cadeaux, en souvenir du petit Jésus. »

La veille de Noël en Alsace – Christkindel et Hans Trapp venant demander si les enfants ont été sages. (Théophile Schuler, 1858)

¹ En heut-rhinois/bas-rhinois : Brioche en forme de gamin empaillé (traduction personnelle).

² Les saints étaients moins considérés par l’Eglise 

Sources :

  • Histoire et origine du Christkindelsmärik, marché de noël, 24 décembre 1992, INA Histoire
  • L’histoire du Christkindelsmärik, le marché de Noël de Strasbourg, 15 décembre 2015, Alsace20
  • wikipedia.org
  • http://www.noel-alsace.fr
  • http://www.isundgau.com
  • Google Image

Le Chasseur de nuit

Bois de Kingersheim (68620)

Jadis, la forêt séparant Illzach et Kingersheim était bien plus grande et plus dense qu’aujourd’hui, le Chasseur sauvage, aussi appelé le Chasseur de nuit, passait avec vacarme, avec sa troupe folle ; il venait du nord allant à l’ouest jusque vers Illzach.

Bien des gens l’ont entendu. Son cri de chasse était : “Huhde, Huhdada !” et ses chiens rugissaient qu’ils n’aboyaient !

De nos jours, on ne l’entend que rarement, voir plus du tout…

Source : STOEBER Auguste. Légendes d’Alsace. Présentée par Françoise Morvan. Editions Ouest-France, 2010, p. 54.

La Pluie de crucifix

En l’an 1501, les Mulhousiens revenait alors d’une messe dominicale. Soudain, le ciel s’assombrit, presque noir. Les habitants s’évanouirent, tellement la chaleur étouffait la cité. Les cloches sonnèrent midi, des éclairs transperçaient la nuit noire, sans un bruit. L’on raconte qu’un silence de mort régna, au milieu duquel un mugissement le pourfendit. Une vache noire, aux cornes d’argent, surgie de nul part, se mit à bondir à travers les rues, qu’elle éclairait de ses naseaux dont les flammes s’élançaient.

La fin du monde était dans l’esprit de la population. Les gens s’embrassèrent sanglotant, et demandèrent le pardon de leurs fautes à toutes les places publiques. Midi et demi, le soleil reparut, d’un rouge écarlate, l’immense craquement du tonnerre rompt le silence, puis, une pluie se mit à tomber, rouge tel que le soleil, comme du sang. La terreur se ressentait sans les yeux de chacun, quand elle vit que cette pluie formait des crucifix, tuant tous ceux dont le visage ou les mains étaient atteints. Aussitôt, les prêtres et les moines annoncèrent les processions, que le bourgmestre interdit jusqu’à la fin de l’averse.

La pluie horrifiante cessa, la procession sortit de l’abbaye, et vit alors la vache noire aux cornes d’argent, qui se désaltérait dans l’étang des moines, voulut foncer sur le Saint-Sacrement, en crachant du feu. Alors, le bourreau sauta avec courage sur elle, pourfendant d’un coup la bête, de son glaive bénit.

On entendit un immense éclat de rire et quand on voulut s’approcher de l’animal abattu, le corps avait disparu. Le soleil reprit alors sa couleur normal et la température redevient supportable. Le diable, avait-il joué un nouveau tour ?

Source : LESER Gérard. De ville en ville au gré des Légendes. Editions des Dernières Nouvelles d’Alsace, 2019, p. 47.


L’adaptation vidéo réalisée en octobre pour la Semaine de l’Horreur